L’Europe semble traversée par un double mouvement paradoxal. D’un côté, les juges sont l’objet de critiques grandissantes dans leur fonction de contre-pouvoir face au législateur. De l’autre, ces mêmes juges sont singulièrement sollicités pour s’opposer ou exiger des réformes au nom du respect des droits fondamentaux notamment. Les juges sont ainsi saisis de législations économiques et sociales qui ont suscité de vives réactions politiques et populaires. Ils se retrouvent dès lors dans une position d’arbitre ayant le pouvoir de les écarter ou invalider. De telles lois sociales régressives ou de flexibilisation du travail ont été largement adoptées dans toute l’Europe, dans un contexte de crise des finances publiques. La présentation de contentieux ou arrêts phares permet de discuter l’hypothèse d’une tendance à la judiciarisation des luttes sociales. Une fois ce phénomène constaté, il pourra être questionné. Ne constitue-t-il pas un des symptômes de la dégénérescence de la démocratie politique ? Cet ouvrage réunit les réflexions menées lors d’un colloque à l’Université de Rouen par des juristes français et européens ainsi que des sociologues.
Avec les contributions de Konstantina Chatzilaou, Susan CORBY, Christina DELIYANNI-DIMITRAKOU, Catherine DIMITROULIAS, Virginie Donier, Giovanni GUIGLIA, Sylvaine Laulom, Bruno MESTRE, Carole NIVARD, Jérôme PÉLISSE, Christophe RADÉ, Cristina SAMBOAN, Despina Sinou, Jean-Philippe TONNEAU.
Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie, Paris, 2021